Cinémas hors circuits

 

Exposition de photographies

Histoire d'un film, mémoire d'une lutte: autour du film Le dos au mur de Jean-Pierre Thorn

En 1978, 20 000 emplois industriels disparaissent en Seine Saint Denis. En 1979, celle-ci compte 53 000 chômeurs résultat d'une désinsdustrialisation rapide et massive. Le 10 octobre, la grève éclate à l'usine Alsthom à Saint Ouen. Les revendications: un treizième mois, une augmentation des salaires. Les machines sont arrêtées, l'usine occupée.
Jean-Pierre Thorn, militant maoïste qui avait abandonné le cinéma pour s'établir en ouvrier dans cette même usine quelques années auparavant, y revient pour filmer, du côté des ouvriers, la grève. Ce sera Le dos au mur, aboutissement d'une expérience à la fois ouvrière et cinématographique qui apparaît aujourd'hui comme un formidable document historique sur la fin des années 70 et surtout une œuvre remarquable.
 
Le film, édité en DVD par Scope éditions, est accompagné d'un livre signé par Tangui Perron retraçant le contexte industriel et politique de l'époque. Il réunit de nombreuses photographies, en particulier de Chris Marker, et plusieurs contributions de cinéastes et d'historiens.
 
Dos au mur Tangui Perron
 
Les photographies présentées sur le Salon sont extraites du livre Histoire d'un film, mémoire d'une lutte: Le Dos au mur (Scope éditions).


Jean-Pierre Thorn
Né à Paris en 1947, Jean-Pierre Thorn débute sa carrière en 1965 à Aix en Provence par des mises en scène théâtrales (Les Fusils de la mère Carrar et Sainte Jeanne des abattoirs de Bertold Brecht). Il tourne son premier court métrage en 1965 et son premier long métrage (Oser lutter, oser vaincre) en 1968 à l’usine occupée de Renault-Flins dans le cadre des productions des «États Généraux du Cinéma français». En 1969, il abandonne le cinéma pour s’embaucher comme ouvrier OS à l’usine métallurgique Alsthom de Saint-Ouen.
En 1978: retour au cinéma. Il est co-animateur de la distribution du programme de 10 films intitulé Mai 68 par lui-même. En 1979, il réalise son second long métrage, Le Dos au mur, puis de nombreux films d’entreprises et émissions syndicales, dont le premier magazine TV inter comités d’entreprise Canal CE. En 1989, il tourne sa première fiction Je t’ai dans la peau, récit du destin étonnant d’une femme, religieuse puis dirigeante syndicale, qui se suicida au lendemain de la victoire de la gauche en 1981.
Depuis 1992, il collabore avec le mouvement hip hop et réalise trois films, devenus emblématiques de cette culture : Génération hip hop, Faire kifer les anges et On n’est pas des marques de vélo. En 2006, sort sur les écrans Allez Yallah!documentaire sur la lutte de femmes contre la montée des intégrismes religieux.  

Occupation de l'usine Alsthom/ Chris Marker
 
Occupation de l'usine Alsthom/ Chris Marker
 

 

 


Chris Marker
Réalisateur, écrivain et photographe engagé, Chris Marker est l'auteur de nombreux essais documentaires dont Les statues meurent aussi (avec Alain Resnais), Sans Soleil, Le tombeau d’Alexandre ou encore Classe de lutte , et de fictions (La jetée, Level five).
 
Lorsque Jean-Pierre Thorn cherche à produire Le dos au mur, témoignage de la lutte menée à l'usine Alsthom, Chris Marker (alors membre de ISKRA) lui apporte son soutien. Il se rend sur le tournage, y fait des photographies qu'il offre dès le lendemain au comité de grève; celui-ci les reproduit et les affiche dans l'usine occupée.

> Projection samedi 16 mai à 17h15
Cinéma, histoire et mémoire
Dossier Penarroya, les deux visages du trust de Daniel Anselme et Dominique Dubosc (1972, 18’) suivi de Est-ce ainsi que les hommes vivent de Claude Dityvon (1976, 11’), deux remarquables plaidoyers contre les conditions de vie et de travail des immigrés en France dans les années 70... > plus par ici
(en présence de Tangui Perron, historien ; Jean-Pierre Thorn, cinéaste, et Scope éditions)

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